"C'est à l'Irak de prouver qu'il n'a pas d'armes de destruction massive"
(Hans Blix, au Conseil de sécurité de l'ONU, le 25 novembre 2002)

"Comme je l'ai dit à Bagdad, la production du gaz moutarde n'est pas exactement
la même que celle de la confiture d'orange" (Hans Blix, à la presse, le même jour)



Sans vouloir être emphatique, et ne soulevant là qu'un aspect mineur de la question, il y a un véritable problème épistémologique en jeu dans la demande à l'Irak de prouver qu'il n'a pas d'armes de destruction massive.

En fait, la forme logique d'un tel énoncé peut être équivalente à celle d'une loi, quantifiée universellement, qui dirait que pour tout objet a, a n'est pas une arme de destruction massive. Le problème, c'est qu'on ne peut pas prouver une loi. Ce n'est pas par accumulation inductive d'un nombre fini de phénomènes — que ce soit l'observation de nombreux corps ou corbeaux— que l'on peut affirmer que tous les corps tombent ou que tous les corbeaux sont noirs. Devant l'infini régi par une loi, n'importe quel nombre d'expériences réussies ne peut qu'être insuffisant.

A cela s'ajoute la difficulté de démontrer l'inexistence de quelque chose. En effet, ce qui servait d'approximation dans les exemples inductifs des corps et des corbeaux pour corroborer la loi devient inutile ici. Ainsi, la constatation répétée que les pots irakiens de confiture à l'orange ne contiennent pas du gaz moutarde ne nous dirige pas vers la conclusion qu'il n'y aurait pas d'armes de destruction massive en Irak.

Par conséquent, cela fait peu de sens d'ordonner à ce pays la preuve qu'il n'a pas d'armes de destruction massive. Pire, en exigeant une telle preuve, on en légitime par avance toute contestation.